Descartes n'a jamais fait de karaté

Publié le par Lio

Le karaté est un art martial très particulier.

Comme dans beaucoup de disciplines sportives ou de pratiques artistiques, il existe plusieurs écoles :

 

Le karaté façon Shotokan : une pratique plus sportive du karaté ; on ressort mouillé de chaud et très fatigué ;

Le karaté façon Shotokaï : une pratique alliant le sport à une démarche plus relaxante ; on ressort mouillé de chaud mais en paix.

 

J’ai fait plusieurs années de Shotokan avec deux profs différents. J’ai beaucoup aimé même si j’ai souvent eu l’impression de ne pas être toujours au niveau ou en phase avec le caractère sportif.

 

Cette année j’ai commencé le Shotokaï. Et j’adore. Beaucoup de relaxation, un entrainement parfois extrêmement fatiguant, mais on ressort plus humble. J’ai l’impression de mieux comprendre les gestes que je fais. Le Salut, les attaques, les gestes de défense ne sont pas des fins en soi mais des moyens. Ce sont des outils. Et c’est ce que je n’avais pas compris en Shotokan, je cherchais la perfection technique du beau et bon geste.

 

Hier, pendant l’entrainement, je me suis dit que le karaté n’est pas si facile à intégrer dans notre culture occidentale.

 

Ce sport repose sur plusieurs fondamentaux éloignés de nos normes et valeurs.

 

Le Salut du maître en début et fin de cours est quelque peu déroutant. On se met à genoux (c’est le seïsa), on ferme les yeux (c’est le moxo), on les rouvre (c’est le moxo yame) et on fait une sorte de salut devant notre maître. D’un œil extérieur, cela fait assez « secte ». Pourtant, ce n’est qu’une façon de montrer une forme de respect à notre enseignant et matérialiser la rupture entre « l’avant-cours » et « l’après-cours ».

 

Autre différence. Le fait qu’il est préférable de « faire » plutôt que « penser ». Il ne faut pas tout intellectualiser mais juste ressentir et répondre. Ce n’est vraiment pas facile. Hier, par exemple, on m’a bandé les yeux, et deux personnes m’attaquait au ventre (rassurez-vous, de façon peu violente) et il me fallait défendre et esquiver les coups. Je n’ai pas bien réussi car je n’ai pas réussi à faire le vide et à me concentrer uniquement sur le ressenti.

 

Au final, c’est un sport/art de vivre peu cartésien puisqu’il ne faut pas penser avant d’agir. Il faut être. Il faut faire. Mais il ne faut surtout pas penser à être ou à faire.

 

Un art martial culturellement éloigné mais bougrement enrichissant !

Publié dans Public

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article